A l’ère de l’explosion de la data, du développement des outils prédictifs et de l’intelligence artificielle, les défis des experts immobiliers sont nombreux…
L’IA peut être définie comme un processus d’imitation de l’intelligence humaine reposant sur la création d’algorithmes exécutés dans un environnement informatique dynamique ; le but étant de permettre à des ordinateurs de penser et d’agir comme des êtres humains.
On peut alors s’interroger sur l’intelligence artificielle, est-ce qu’elle tend à aider, à bousculer ou à révolutionner le monde de l’évaluation immobilière dans les années à venir ?
L’IA repose essentiellement sur l’observation des données, grâce à ses données, la machine permet de faire le rapprochement entre la typologie d’actifs, la localisation, la qualité des éléments bâtis, les comparables, la tendance des marchés financiers, la nature du marché du droit à évaluer…
Dès lors, la question de la qualité de la donnée et de son accessibilité se pose, à l’ère de « l’open data », malgré la RGPD, les données sur la personne sont protégées mais les données d’un marché ne le sont pas. En l’occurrence, nous n’avons pas à savoir que Monsieur X a vendu son appartement à Madame Y, en revanche nous pouvons partager qu’un bien avec telles caractéristiques a fait l’objet d’une transaction sur telle ou telle base économique.
Les données sont désormais un actif stratégique du fait du développement des data sciences et des outils de data visualisation, l’objectif étant d’améliorer la qualité, de gagner en productivité et de mieux répondre aux besoins des clients. Ces données permettent aux experts d’affiner leurs analyses et constituent des outils d’aide à la décision.
Les données peuvent être relatives au marché immobilier, à savoir :
- Les évolutions des prix de marché
- Les projets de nouvelles constructions
- Le nombre et le détail de multiples transactions immobilières
Elles peuvent également concerner le client ou l’environnement :
- Composition d’un foyer
- Projets d’investissements
- Commerces à proximité d’un bien
- Transports en commun
- Age, CSP…
De ce point de vue, la machine permet de corriger les erreurs qu’un expert peut faire par manque d’accès à l’information qualifiée, par manque de transparence.
La machine ne prend pas la place de l’homme mais devient au contraire un facteur d’évolution des compétences permettant aux salariés de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. L’automatisation des tâches permettra aux experts, délestés des tâches redondantes, de se concentrer sur la valeur ajoutée de leur métier. Anne Digard, présidente de l’Afrexim (Association française des sociétés d’expertise immobilière) et présidente de CBRE Valuation France déclarait : « Le temps dégagé et mis à sa disposition lui permettra de scruter avec un œil aiguisé, adossé à une connaissance marché empirique, ces actifs immobiliers qui ne sont pas homogènes ».
Albert Malaquin : directeur général groupe digitalisation et innovation chez Altarea Cogedim déclarait il y a quelques années : « l’IA permettra un meilleur accès à la donnée et les évaluations seront plus pertinentes, en revanche, la profession d’expert immobilier ne sera pas bousculée dans la mesure où le jugement, l’appréciation de l’expert reste pour les décideurs une assurance dans la prise de décision dans un besoin de regards / sentiments croisés qui ne s’intègre pas dans un ordinateur. Une part d’émotionnel rentre en compte en plus du rationnel. »
Ainsi l’intelligence artificielle peut aujourd’hui être considéré comme un outil d’aide à la décision permettant à l’expert de structurer son jugement de valeur ; néanmoins, qu’en sera-t-il dans 10, 20, 30 ans. En effet, d’après un rapport établi par le conseil global sur l’avenir des programmes et de la société du World Economic Forum, d’ici 2026 30% des audits d’entreprise seront réalisés par une intelligence artificielle.
Qu’en sera-t-il des expertises immobilières ?